Les archives de Blondin

Traces d'une légende

Cette archive réunit des documents originaux et des témoignages de première main sur la vie et la carrière extraordinaires de Blondin. Des actes de mariage aux articles de presse, en passant par des souvenirs personnels saisissants, ces documents révèlent comment il était perçu de son vivant : audacieux, remarquable et inoubliable.

Actes de naissance et de mariage

Acte de naissance de Jean François Gravelet

Archives départementales du Pas-de-Calais / État civil / Hesdin – Centre Georges-Besnier
50 MIR 447/7 Naissances 1794–1834
Acte n° 17

Le vingt-neuf février mil-huit-cent-vingt-quatre, dix heures du matin, par devant nous Liévin Prévost, Maire, officier public de l'État civil de la ville d'Hesdin, Arrondissement de Montreuil. département du Pas-de-Calais, est comparu André Gravelet. sauteur et danseur de corde, âgé de trente-quatre ans, domicilié à Saint-Maixant. Département des Deux-Sèvres, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né hier à huit heures du soir, de lui déclarant et d'Eulalie Merlet. Son épouse, âgée de trente ans, et auquel il a déclaré donner les prénoms de Jean François.

Les dites déclarations et présentations faites en présence de Gaspard Blancart âgé de soixante-quatorze ans, faiseur de bois, et de Joseph Blancart, aubergiste, âgé de vingt-cinq ans, tous deux domiciliés en cette ville.

Et a ledit Gravelet signé avec nous cet acte, lesdits Blancart ayant déclaré ne savoir signer, de ce interpellé après lecture.

Signé: Prévost et André Gravelet

Référencé dans: Jean-Louis Brenac, Biographie, Tome I, page 8

Voir/télécharger: acte de naissance original en français

Acte de naissance de Jean François Gravelet

PDF, 1 page, 242 Ko

Archives départementales des Bouches du Rhône / Tarascon / Etat-civil / Mariages

Page 35a, 35b et 36a du registre des mariages de Tarascon (Bouches du Rhône) pour l'année 1846

Extrait original de l’acte de mariage en français.

Acte n° 37 Gravelet Jean François et Blancheri Marie

L'an mil huit cent quarante six et le six Août à trois heures du soir pardevant nous Jean Baptiste Dupuy, adjoint au maire, délégué aux fonctions d'officier de l'Etat-civil de la ville de Tarascon-sur-Rhône, par arrêté du maire en date du vingt deux décembre mil huit cent quarante trois, sont comparus à l'hôtel de ville, pour contracter mariage sieur Jean François Gravelet, acrobate, agé de vingt deux ans, né à Hesdin (Pas de Calais) le vingt huit février mil huit cent vingt quatre, ainsi qu'il résulte de l'extrait en due forme des registres de l'Etat-civil de la dite ville, que nous avons paraphé ne varietur et annexé au présent acte, domicilié en cette ville, fils majeur et légitime de André Gravelet, ..., décédé à Castres, le trois avril mil huit cent trente sept, ainsi qu'il résulte de l'extrait en due forme, délivré par le greffier du tribunal civil de Castres, que nous avons paraphé ne varietur et annexé au présent, et de vivante Eulalie Merlet, sans profession, agée de cinquante deux ans, domiciliée avec son fils, ici présente et consentante, d'une part;

Et demoiselle Marie Blancheri, acrobate, agée de vingt deux ans, née à Toulouse, le vingt huit juin mil huit cent vingt quatre, ainsi qu'il résulte de l'extrait en due forme des Registres de l'Etat-civil de la dite ville, que nous avons paraphé ne varietur et annexé au présent acte, domiciliée en cette ville, fille majeure et légitime de Charles Blancheri cordonnier, agé de cinquante cinq ans, et de Suzanne Larre, sans profession, agée de quarante neuf ans, domiciliés à Marseille, absents et consentants, ainsi qu'il résulte de l'acte reçu par Maître [Nom du notaire] et son collègue, notaires à Marseille le vingt un juillet mil huit cent quarante six, lequel acte nous ayant été présenté est resté annexé au présent, d'autre part ;

Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux et dont les publications ont été faites et affichées devant les principales portes d'entrée de notre hôtel de ville, les dimanches cinq et douze juillet dernier, à l'heure de midi, aucune opposition audit mariage ne nous ayant été signifiée, faisant droit à leur réquisition, après avoir donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées et du chapitre six du titre du Code Civil, intitulé du mariage, avons demandé au futur époux et à la future épouse s'ils veulent se prendre pour mari et pour femme, chacun d'eux ayant répondu séparément et affirmativement, déclarons au nom de la loi que Jean François Gravelet et Marie Blancheri, sont unis par le mariage:

De tout ce que ... en présence des sieurs Benoit Gérard appariteur, agé de quarante neuf ans, Guillaume Didier, trompette de ville, agé de quarante ans, Jacques Firsisme, agent de police, agé de soixante quatre ans et [Prénom] Thiers, orfèvre, agé de quarante ans, tous les quatre domiciliés à Tarascon, lesquels ont déclaré n'être ni parents, ni alliés des parties ; et au même instant les dits époux nous ont déclaré qu'il est né d'eux un enfant du sexe masculin inscrit sur les registres de l'Etat-civil de Vauvert (Gard), sous les noms de Aimé Léopold et à la date du neuf juin dernier, lequel enfant ils reconnaissent et légitimement pour leur fils, par l'effet du présent mariage.

Lecture du présent acte a été donnée par nous aux parties et témoins qui ont signé avec nous.

Signé:
Gravelet; Ve Gravelet; Gme Didier; Blancheri; Gerard; JB Dupuy, adj; Jacques

Référencé dans: Jean-Louis Brenac Biographie, Tome I, Page 12

Mariages enregistrés dans la ville de Boston au cours de l’année 1852

Numéro d’enregistrement: 1653
Noms de l’époux et de l’épouse :
John F. Gravelet et Charlotte S. Lawrence
Lieu de résidence au moment du mariage :
Les deux résidant à Boston
Âge :
28 et 16 ans
Profession de l’époux :
Artiste
Lieu de naissance :
Lui en France ; elle à New York
Noms des parents :
Louis A. ; Alexander
Mariage, s’il s’agit du 1er, 2e, 3e, etc. :
Premier
Nom et titre officiel de la personne les ayant mariés :
Révérend Edward T. Taylor, Boston
Date d’enregistrement :
10 septembre 1852
Acte de mariage de J.F. Gravelet & C.S. Lawrence

La copie certifiée de cet acte de mariage a été obtenue auprès du General Register Office (Royaume-Uni)

Mariage célébré au Register Office dans le district de Marylebone dans le comté de Middlesex
N° 182

  • Date du mariage: vingt neuf octobre 1881
  • Nom et prénom : Jean Francois Gravelet
    • Âge : 57 ans
    • Situation : Veuf
    • Rang ou profession : Gentleman
    • Résidence au moment du mariage : 6 Boscobel Place
    • Nom et prénom du père : Louis Andre Gravelet, décédé
    • Rang ou profession du père : Artist
  • Nom et prénom : Charlotte Lawrence
    • Âge : 44 ans
    • Situation : Célibataire
    • Rang ou profession :
    • Résidence au moment du mariage : 6 Boscobel Place
    • Nom et prénom du père : John Lawrence, décédé
    • Rang ou profession du père : Gentleman
  • Marié au Register Office, par Licence, devant moi, Frank Stokes, Registrar
  • Ce mariage a été célébré entre nous : Jean Francois Gravelet, Charlotte Lawrence
  • En présence de nous : J. U. de Parraviani et H. W. Drewell ; Joseph Redford, Superintendent Registrar

Référence: Jean-Louis Brenac Biographie, Tome IV, page 66

Copie certifiée conforme de l’acte de mariage de Jean François Gravelet et Charlotte Lawrence (en anglais)

Voir / télécharger

PDF, 1 page, 115 Ko

Mariage de Jean François Gravelet et Katherine James

Mariage: le 29 novembre 1895, au Register Office de Brentford, comté de Middlesex, a été célébré le mariage de Jean François GRAVELET, 71 ans, veuf, acrobate, demeurant à Niagara House, Little Ealing, fils de Louis André GRAVELET, décédé, acrobate, et de Katherine JAMES, 30 ans, célibataire, demeurant à Niagara House, Little Ealing, fille de Joseph Edward JAMES, décédé, tailleur pour hommes.

Référence: Jean-Louis Brenac Biographie, Tome IV, page 116

Copie certifiée de l’acte de mariage de Jean François Gravelet et Katherine James

Voir/télécharger

PDF, 1 page, 242 Ko

Articles de presse

Ce texte a paru dans le journal local lyonnais Le Censeur.

Hier dimanche, les divers exercices qui s'étaient succédés depuis quelque temps à l'Hippodrome des Brotteaux ont été clos par une affreuse catastrophe.

Un tableau féerique de Napoléon recevant son fils dans l'Élysée devrait terminer la soirée. Un char sur lequel étaient deux personnages, l'un représentant Napoléon, l'autre l'impératrice Joséphine, semblait être traîné par deux génies (les frères Gravelet). Ce char, tiré par une corde à l'aide d'une machine, roulait sur deux cordes parallèles distancées par d'autres cordes intermédiaires. Ces deux principales cordes étaient fixées d'un côté au sol et de l'autre à un mât de trente mètres d'élévation ; au sommet du mât était un trône où devait s'asseoir Napoléon. Cette scène devait être éclairée par un feu d'artifice.

Au moment où le char allait atteindre son but, le personnage représentant Napoléon, et qui depuis le commencement de son ascension avait plusieurs fois manifesté une frayeur dont il n'avait donné aucune apparence la veille dans les répétitions, a voulu franchir d'un seul saut l'espace qui le séparait du trône ; soit que le char ait fait un cahot en passant sur la corde transversale, soit que la crainte ait paralysé les mouvements du personnage, il a fait un faux pas. En tombant il a cassé le timon du char ; ce dernier a tourné.

Ce personnage, qui était un ancien garçon de la Rotonde et actuellement ouvrier en soie, est mort sur le coup. On a fait de vains efforts pour le rappeler à la vie. Il est tombé d'une hauteur de cinquante cinq pieds. La jeune personne qui l'accompagnait a été jetée en arrière du char ; par un hasard providentiel, ses pieds sont restés engagés dans les cordes, et elle est demeurée suspendue à une hauteur effrayante pendant l'espace de cinq minutes. On est enfin parvenu à lui faire tenir une corde, avec laquelle elle est descendue sans autre accident. Les frères Gravelet ont aussi couru le plus grand danger. Nous n'essayerons pas de peindre l'état d'angoisse dont la foule s'est trouvée saisie.

Referenced in: Jean-Louis Brenac Biographie, Tome I, Page 13

Les mémoires ont été publiés dans Le Petit Moniteur Universel journal sous forme de feuilleton quotidien en dix-neuf chapitres, du 2 au 24 janvier 1878, sous le pseudonyme de Funambulus.

Résumé : Dans ce récit vivant et théâtral, Jean-François Gravelé — connu plus tard sous le nom de Blondin — retrace ses débuts extraordinaires au sein d’une famille de saltimbanques. Né en 1824 à Hesdin, il marchait seul à six mois et accomplissait des prouesses d’équilibre avant même de parler couramment. Surnommé « Petit Jean », il étonnait même ses frères et sœurs par son agilité instinctive, maîtrisant le fil sans avoir reçu d’instruction. Il fit ses débuts sur scène à l’âge de trois ans et, à quatre ans, sautait par-dessus des chevaux et grimpait aux mâts avec la grâce d’un acrobate chevronné. Ces premières années, passées parmi les saltimbanques et les forains à travers la France et l’Italie, forgèrent le génie intrépide qui allait un jour conquérir le Niagara sur un fil.

Voir / télécharger l'extrait

PDF, 918 Ko, 38 pages

Journal d’origine: New York Mercury (via le New Era), États-Unis, daté du 22 janvier 1885

Résumé : Ce récit évoque le souvenir tardif d’un voyageur ayant vu Blondin exécuter une audacieuse prestation le long du Mississippi, en poussant une brouette contenant un bébé. À un moment donné, il se retrouva coincé à un nœud sur la corde et faillit tomber.

Référencé dans: Jean-Louis Brenac Biographie, Tome I, Page 30

Le 12 août 1888, le New York Tribune a publié une interview d’une demi-page — remarquable par sa liberté de ton, encore inconnue dans l’Ancien Monde et d’un grand intérêt. L’interview, que Blondin avait accordée à son journaliste, Isidor Lewi, eut lieu quelques jours avant que Blondin ne parte pour New York, accompagné de son fils, pour se rendre aux chutes du Niagara.

Résumé: À 65 ans, Blondin marchait toujours sur la corde, bien que la renommée se soit estompée. « Pour la gloire, j’en ai assez ! » dit-il. Dans cette interview, il se souvient de ses exploits audacieux, d’une vie d’équilibre et d’une discipline silencieuse qui l’a maintenu en forme.

À 65 ans, Blondin continuait à se produire sur la corde raide, même si la foule s’était amenuisée et que son appétit de gloire avait disparu. « Si on voulait me payer, je traverserais à nouveau le Niagara, mais pour la gloire, j’en ai assez ! » confia-t-il à un journaliste, soulignant le passage de la renommée au besoin financier. L’interview offre un contraste saisissant entre Blondin, figure héroïque perché en hauteur, équilibré et impassible, et l’homme plus ordinaire qu’il est au sol. Il y partage ses souvenirs d’exploits passés, y compris les dangers d’équilibrer une chaise, les périls de la neige à Saint-Pétersbourg et le refus d’autorisation de se produire à Rome jusqu’à l’intervention du pape. Blondin affirme que ses capacités n’ont pas faibli avec l’âge, attribuant sa vigueur à une vie simple, à la discipline et à l’abstinence de stimulants. Il se remémore aussi ses premiers pas hésitants sur une corde à l’âge de quatre ans — un acte de bravoure instinctive marquant le début d’une carrière extraordinaire.

Référencé dans: Jean-Louis Brenac, Biographie, Tome IV, page 95

Anecdotes

Extrait de The Soldiers’ Journal, 22 juin 1864

Un gentleman récemment revenu de Washington relate l’incident suivant qui s’est déroulé à la Maison-Blanche il y a quelques jours. Certains visiteurs de l’Ouest, agités et troublés par ce qu’ils percevaient comme des maladresses de l’Administration, ont exprimé leurs inquiétudes au Président. M. Lincoln écouta patiemment, puis répondit:

« Messieurs, supposez que toute votre fortune soit en or, et que vous l’ayez confiée à Blondin pour la traverser sur une corde au-dessus du Niagara — commenceriez-vous à secouer le câble ou à lui crier: ‘Blondin, redresse-toi un peu ! Blondin, penche-toi un peu plus d’un côté ou de l’autre ! Va un peu plus vite !’ ?

Non. Vous retiendriez votre souffle, ainsi que votre langue, et vous ne toucheriez à rien jusqu’à ce qu’il soit passé sain et sauf.

Le Gouvernement porte un poids immense. D’innombrables trésors sont entre ses mains. Ils font de leur mieux. Ne les harcelez pas. Gardez le silence — et ils vous feront traverser en toute sécurité. »

Textes & extraits

Résumé : Dans cet article vivant et admiratif, le célèbre écrivain français Théophile Gautier décrit Blondin sur la corde raide à Vincennes en 1866. Depuis sa première apparition costumée jusqu’aux poses acrobatiques sur une chaise les yeux bandés, Gautier évoque les exclamations, le suspense et l’admiration du public parisien. Il présente Blondin comme un véritable artiste, dont la grâce et le sang-froid le distinguent — un homme qui risque tout à chaque pas.

Referencé dans: Jean-Louis Brenac Biographie, Tome II, Page 96

View / download excerpt

PDF, 103Ko, 3 pages

En juillet 1867, Mark Twain, âgé de 32 ans — futur auteur des *Aventures de Tom Sawyer* (1876) et des *Aventures de Huckleberry Finn* (1885) — séjourne à Paris au début d’un pèlerinage de cinq mois et demi en Terre sainte, commandé par le journal *Alta California*. Son voyage, également relayé par le *New York Times* et le *Herald Tribune*, le mène à Paris, Constantinople, Sébastopol, Smyrne, en Syrie, en Égypte, puis à Jérusalem. Après avoir embarqué à bord du *Quaker City* le 8 juin, Twain explore la vie nocturne parisienne avec son ami Dan et leur guide Ferguson. Le soir du 4 juillet 1867, ils assistent à une représentation de Blondin au parc Cremorne d’Asnières. Ils y voient Blondin exécuter un numéro nocturne sur fil éclairé par des feux d’artifice, puis découvrent le cancan pour la première fois. Par ses observations pleines d’ironie et d’humour, Twain livre un portrait vivant et durable du spectacle et de la société parisienne.

Mentionné dans: Jean-Louis Brenac, Biographie, Tome II, page 106

Pour aller plus loin

Blondin

par Jean-Louis Brenac

Funambule, homme de spectacle, énigme, la véritable histoire de Blondin a longtemps été obscurcie par le mythe. Jean-Louis Brenac, son arrière-arrière-petit-fils, révèle le vrai Blondin dans une biographie monumentale en quatre tomes, fruit de plusieurs années d’enquête, de découvertes et de dévouement. Version en français disponible en téléchargement.

Voir les biographies