À propos de Blondin

La vie et la légende de l’audacieux funambule du ciel

Photo. Courtoisie Sherborne School Archive
Il n’y a qu’un Blondin, et aucun autre nom ne saurait être associé à la poésie du péril.

Le journaliste britannique George Augustus Sala, 1861

Jean-François Gravelet, plus connu sous son nom de scène Blondin, est né le 28 février 1824 à Hesdin, dans le Pas-de-Calais, dans le nord de la France. Élevé dans une famille d’acrobates et de funambules itinérants, Blondin baigne dans l’art du spectacle dès son plus jeune âge. Son grand-père et son père faisaient partie de troupes ambulantes, et aux côtés de ses frères et sœurs, il participait aux vivants spectacles familiaux mêlant équilibre, audace et mise en scène dramatique, souvent sous les toiles de scènes improvisées et de chapiteaux forains.

Nom et identité

Blondin naquit sous le nom de Jean François Gravelet en 1824. Bien que la presse anglaise du milieu du XIXe siècle l’ait fréquemment désigné sous le nom de Charles Blondin, ce nom ne fut jamais le sien. Il se produisait simplement sous le nom de Blondin, et le "Charles" était une invention de la presse britannique. Il ne l’a jamais utilisé, ce nom n’a jamais figuré dans sa propre publicité et il était inconnu en dehors du Royaume-Uni.

La famille Gravelet venait de Champignolles, en Normandie, où le grand-père de Blondin, Pierre Gravelet, et la grand-mère Henriette Regnault avaient fondé une troupe d’acrobates et de funambules. Après le décès de Pierre, le père de Blondin, André, continua de se produire avant de servir dans l’armée. André épousa la comédienne Eulalie Merlet, et ensemble ils parcoururent les routes avec leurs enfants, dont Jean-François (Blondin), qui montra un talent exceptionnel dès son plus jeune âge.

Après la mort d’André en 1837, Eulalie prit la direction de la troupe, avec Jean-François et ses frères et sœurs se produisant à ses côtés. Jean-François émerveillait le public par ses acrobaties audacieuses, notamment des exercices d’équilibre et des sauts périlleux, tout en montrant aussi des talents musicaux lors des spectacles.

En 1851, Jean-François rejoignit la troupe française Ravels et effectua une tournée en Amérique sous le nom de scène "Blondin". Pendant son séjour à New York, il épousa en 1852 la chanteuse Charlotte Lawrence, bien qu’étant déjà marié en France, commettant ainsi un acte de bigamie. Blondin parcourut intensivement l’Amérique du Nord et les Caraïbes au cours des huit années suivantes.

Blondin entama une carrière solo en 1859, traversant célèbrement la rivière Niagara sur une corde raide, accomplissant des exploits spectaculaires tels que porter son directeur sur son dos ou marcher sur des échasses. Il devint une célébrité aux États-Unis et dans l’Empire britannique, mais resta moins reconnu en France.

Avec le déclenchement de la guerre de Sécession américaine, Blondin s’installa en Angleterre avec Charlotte et leurs enfants. Il se produisit au Crystal Palace et effectua des tournées dans les grandes villes britanniques, remportant un vif succès et jouant même devant la royauté. Au fil des décennies suivantes, il parcourut l’Europe, l’Inde, l’Australie et l’Amérique du Sud, recevant notamment la distinction de chevalier de l’ordre de la reine Isabelle la Catholique en Espagne.

Blondin connut deux fois la ruine financière, perdant sa fortune à cause de la faillite de son agent et d’un projet artistique raté à Paris. Malgré ces revers, il continua de se produire à travers l’Europe et au-delà, s’adaptant aux circonstances changeantes.

Blondin s’installa à Little Ealing, Londres, où il vécut avec sa famille et demeura une figure appréciée jusqu’au déclin de sa santé. Il épousa tardivement l’infirmière Katherine James et donna ses dernières représentations au milieu des années 1890. Blondin mourut en 1897 et fut honoré par des funérailles nombreuses, demeurant dans les mémoires comme un modèle de courage et d’art.

Blondin au East Somerset Agricultural Society Show, Bruton, Angleterre, 13 octobre 1892
Blondin au East Somerset Agricultural Society Show, Bruton, Angleterre, 13 octobre 1892
Photo. Courtoisie Sherborne School Archive
Blondin en chevalier, huile sur toile
Blondin en chevalier, huile sur toile
Avec l’aimable autorisation de Roderick Gravelet-Blondin, Pretoria, Afrique du Sud
Portrait de Blondin. Photographie par l’atelier Charles Reutlinger, Paris
Portrait de Blondin. Photographie par l’atelier Charles Reutlinger, Paris.
Photographie. Source: Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Blondin par E. Bertam
Blondin par E. Bertam
Photographie. Source: Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Blondin avec un ami aux gorges du Niagara.
Blondin avec son fils, Henry Coleman, aux gorges du Niagara, le 12 août 1888.
Photographie. Source : NY Public Library

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Blondin

par Jean-Louis Brenac

Funambule, showman, énigme, la véritable histoire de Blondin a longtemps été obscurcie par le mythe. Jean-Louis Brenac, son arrière-arrière-petit-fils, révèle le vrai Blondin dans une biographie monumentale en quatre volumes, fruit d’années d’enquête, de découvertes et de dévouement.

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